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Tanzanie - Grâce présidentielle à deux violeurs : Magufuli accusé de promouvoir les violations des droits de l'homme

Tanzanie - Grâce présidentielle à deux violeurs : Magufuli accusé de promouvoir les violations des droits de l'homme

Tanzanie

La grâce présidentielle accordée à deux détenus accusés d’avoir violé des écolières continue de faire des vagues en Tanzanie. Des défenseurs de droits de l’homme sont formels : le président John Magufuli promeut une violation des droits de l’homme.

Pour comprendre cette levée de boucliers des militants tanzaniens, il faut replonger dans une déclaration faite par le président Magufuli quelques mois plutôt. En juin dernier, John Magufuli déclarait que les écolières tombant enceintes ne pouvaient pas poursuivre leur scolarité après leur accouchement, condamnant à l’occasion l’action des organisations occidentales qui plaident pour que les adolescentes aient ce droit.

Pensée remise au goût du jour ce lundi par John Mongella, le commissaire régional de Mwanza. Ce dernier a même appelé la justice à interpeller les adolescentes enceintes pour les forcer à dénoncer l’auteur de leur grossesse.

Des injonctions qui contrastent bien avec la décision du président tanzanien de gracier deux artistes condamnés à la prison à vie en 2003 pour avoir violé dix écolières – âgées de 6 à huit ans, s’insurgent les défenseurs des droits de l’homme.

Les violeurs libérés sont le chanteur Nguzu Viking, connu sous le nom de Babu Seya, et son fils, Johnson Ngazu, connu sous le nom de Papii Kocha, qui ont été graciés par le président, le samedi dernier à l’occasion de la fête d’indépendance, après avoir purgé 13 ans de leur peine.

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Un “échec” patent de mettre fin à la violence contre les enfants

“Alors que le président Magufuli pardonne les violeurs d’enfants condamnés, le commissaire régional John Mongella appelle les écolières enceintes à être arrêtées et traduites en justice. Les dirigeants tanzaniens font la promotion d’une culture de violations des droits de l’homme dans laquelle les jeunes victimes de violences sexuelles sont punies tandis que les auteurs sont libérés”, a tancé Fazia Mohamed, directrice du bureau d‘Égalité Maintenant en Afrique.

Dans le même ordre d’idées, Petrider Paul de l’ONG Youth for Change craint que la libération des deux détenus soit un mauvais signal envoyé aux auteurs de violences sexuelles. “C’est injuste pour les victimes de ces crimes et cela envoie un mauvais message aux auteurs qu’ils peuvent s’en tirer”, a-t-il déclaré.

“Cette histoire est révélatrice d’un échec au plus haut niveau de la volonté politique de mettre fin à la violence contre les enfants”, a expliqué de son côté Kate McAlpine, directrice de la Communauté pour les droits de l’enfant en Tanzanie. “Les écolières enceintes sont enceintes parce qu’elles sont victimes de violences”, a-t-elle ajouté.

Admiré dans son pays pour ses réformes révolutionnaires depuis son accession au pouvoir en 2015, John Magufuli s’est attiré les critiques ces derniers mois pour sa politique répressive contre les médias, la société civile et les partis d’opposition. En moins d’un an, deux médias ont été sommés de fermer pour avoir critiqué le président.

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